mercredi 14 octobre 2009

Scierie KLENK à Vogelsheim : l'épilogue


D'abord annoncé le 11 Août, puis le 29 septembre, le tribunal de Colmar a enfin pris sa décision concernant la reprise de l'entreprise KLENK HOLZ à Vogelsheim (68) en redressement judiciaire depuis le début d'année.
On avait d'abord cru que la venue de Nicolas Sarkozy à Urmatt le 19 mai 2009 était un signe plaçant la Société Siat en position de favori dans la course à la reprise. On apprit en septembre que l'offre de reprise du plus grand scieur français était en fait la moins bien placée des 4 offres émanant respectivement du Groupe Monnet Sève basé dans l'Ain et le Massif Central, de la Scierie Dold propriétaire de deux sites en Forêts Noire et du Suisse Schilliger Holz qui avait un projet d'extension sous la forme de la construction d'un nouveau site.

Lors du dernier round qui s'est tenu fin septembre, la rumeur laissait entendre que l'affaire se jouerait entre Monnet Sève et Schilliger Holz. C'est finalement le Suisse qui a eu la faveur du tribunal, probablement en renchérissant pour placer son offre en tête.

Nous n'avons pas de détail sur les différentes offres mais il est plus que probable que le projet industriel présenté par Shilliger Holz ait beaucoup pesé dans la balance. En effet, cette société avait fait le choix stratégique de développer ses capacités bien avant l'annonce du redressement judiciaire de Klenk. Elle avait presque finalisé un projet de construction d'un nouveau site et bouclé son financement. L'opportunité de reprendre un outil moderne et géographiquement bien situé ne pouvait que la séduire. Elle aura donc fait ce qu'il fallait pour emporter la décision à son profit et surtout montrer que cette reprise relevait d'un projet de développement réfléchi et solide. C'est un gage de pérénité pour la scierie, ses salariés et fournisseurs qui peuvent envisager l'avenir sur des bases saines.

D'autant plus que la stratégie générale de ce groupe industriel semble pertinente dans le contexte à moyen terme du marché du bois. Il se spécialise depuis plusieurs années dans la construction d'éléments pour les constructions bio - écologiques. Il vise donc un marché qui sera longtemps porteur tout en prenant soin d'apporter de la valeur ajouté au produit brut de sciage. Cela devrait lui apporter une rentabilité intéressante au moins sur le moyen terme.

On ne peut s'empêcher de comparer cette stratégie avec celle de nos industriels français de la scierie les plus importants. La scierie Siat par exemple dont la stratégie est tout au contraire tournée vers l'amont de la filière. Elle immobilise ses capitaux dans l'acquisition de surfaces forestières importantes et dans l'achat sur pied de stocks très lourds, plutôt que d'investir dans la valorisation de ses produits et dans l'action marketing. Elle possède un site industriel très performant pour le sciage brut. En ce sens c'est une industrie d'une grande qualité, mais combien de temps cette stratégie restera payante dans un marché où les produit bruts de scierie voient leurs parts de marché se réduire au profit de produits plus élaborés et semis finis ?

Notre avis est que la stratégie payante à terme est plutôt celle des Suisses qui correspond également à celles de l'ensemble des scieries allemandes ou encore autrichiennes. L'avenir dira qui des 2 scieries alsaciennes tirera le mieux son épingle du jeu. Force est de constater que Siat a probablement manqué de liquidités pour jouer à la même hauteur que ses concurents. Mais l'essentiel pour les producteurs forestiers reste que ces deux sites industriels et d'autres très performants outre Rhin prospèrent à long terme aux portes de nos régions. C'est pour cela que Forêts & Bois de l'Est a une volonté de renforcer son partenariat privilégié pour l'approvisionnement de 3 grandes scieries industrielles le long du sillon rhénan et d'autres du massif vosgien.

1 commentaire:

  1. En complément, il convient d'ajouter qu'une semaine après l'annonce de cette reprise, les dirigeants de Shilliger nous ont fait l'honneur d'une visite au siège de la coopérative à Epinal.
    Le scieur reprend effectivement le site de Volgelsheim mais n'arrive pas seul ... En effet, il développe le concept de "Cluster bois", sorte de pôle d'entreprises complémentaires à l'activité de la scierie.
    En conséquence, 3 entreprises verront le jour autour de la scierie :
    - Pavatex (80 à 100 personnes) transformera les plaquettes de la scierie en panneaux d'isolation bois,
    - Blumer & Lehmann (10 à 15 personnes) construira des silos de stockage pour le sel destiné au salage des routes. Silos écologiques fort développés en Suisse qui partiront à la conquête du marché français,
    - AEK (mini "EDF" suisse) implantera quant à lui une chaufferie pour produire l'énergie nécessaire aux séchoirs de la scierie, aux besoins de Pavatex et ... et ... à ceux de l'unité de fabrication de pellets qui sera également ajoutée au site afin de consommer la sciure produite !
    Le projet du Suisse est donc résolument admirable tant d'un point de vue économique, écologique et social !
    Bonne chance !

    RépondreSupprimer